CNEA – Comité national pour l’éducation artistique

Président d’honneur du CNEA, Didier LOCKWOOD nous a quitté le 18 février. Auprès d’Alain CASABONA, il a tant donné et œuvré pour la cause de l’éducation artistique. Son engagement, sa disponibilité, sa générosité, sa bonne humeur vont terriblement nous manquer !

Le CNEA s’associe à la peine de ses proches.

Le comité – février 2018

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Notre ami Alain CASABONA nous a quitté en mai dernier des suites d’une longue maladie. Il a consacré sa vie, son énergie et sa ténacité à la reconnaissance de l’éducation artistique dans le milieu scolaire par les pouvoirs publics. Le comité du CNEA, dont il fut le fondateur et l’animateur, se doit de poursuivre son action en développant dans la diversité toutes les formes de sensibilités essentielles à l’enrichissement de notre jeunesse. Dès maintenant nous allons agir pour que l’action artistique poursuive sa mission pédagogique. Nous adressons ce message à tous ceux qui nous sont fidèles et particulièrement au groupe IGS avec l’expression de notre profonde amitié. Pour mémoire vous pouvez relire sur notre site le texte de la loi du 6 janvier 1988 qui à ce jour n’a jamais été appliqué et que nous nous efforcerons de défendre et promouvoir.

Le comité – juin 2017


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Les tribunes libres, commentaires et interventions lors des diverses conférences publiques n’engagent que leurs auteurs.

L’actualité relative au Grenier des Grands-Augustins, dont le CNEA a été expulsé en novembre dernier par la Chambre des huissiers de Justice de Paris, est toujours très importante. Le conseil d’administration du 18 juin 2014 a donc décidé d’informer ses adhérents et l’opinion publique de l’état d’avancée du dossier. En effet, des informations obsolètes, erronées ou introduites par malveillance circulent toujours sur le net, malgré les demandes de retrait effectuées par le comité auprès des opérateurs. C’est ainsi que deux sites, qui auraient du être désactivés en 2003 et en 2008, sont toujours en ligne. Il semble que l’un de ces sites ait été piraté.

Rappelons que le CNEA et la Chambre des huissiers ont formé, en 2002, une convention d’occupation du Grenier. Pour sa part, le CNEA a pris en charge la totalité des travaux de rénovation du dernier étage, dit Grenier des Grands-Augustins, ainsi que la réfection de la cage d’escalier, qui étaient dans un état déplorable, comme l’atteste le constat d’huissier dressé à l’époque. A la demande de la CHJP, le CNEA a continué, au-delà de l’entretien des lieux, à assumer d’importants travaux.

Le CNEA s’est toujours fait l’écho de ce partenariat exceptionnellement valorisant pour une profession en quête d’image… A ce sujet, le reportage sur l’exposition Guernica, présenté dans la rubrique « vidéos » de ce site, est on ne peut plus éloquent. L’intervention de l’ambassadeur d’Espagne se passe de tout commentaire…

Ce partenariat, qui constitue la lettre et l’esprit de la convention de 2002, vise trois buts:

– d’une part, élever l’image d’une des professions les plus mal-aimées de France vers un objet, le soutien à l’éducation artistique, qui sublime les aspects déplaisants aux yeux du public, et souvent caricaturaux, des activités des huissiers ;

– d’autre part, assurer au CNEA, principal défenseur d’une cause essentielle mais toujours menacée de négligence publique, malgré les récentes avancées, une vitrine et un laboratoire d’initiatives, comme les ateliers pédagogiques qui ont permis d’accueillir des dizaines de milliers d’élèves, ainsi que les concerts, conférences, expositions, lectures publiques, œuvres caritatives notamment à destination d’enfants, toutes activités entièrement gratuites.

– enfin, rendre à un lieu mythique sa vocation, oubliée pendant presque un demi-siècle, et l’ouvrir au public.

C’est ainsi que le CNEA et les précédentes autorités de la chambre ont compris et exécuté un partenariat jusque-là exemplaire.

Or le CNEA s’est vu reprocher, au cours de la campagne d’intimidation prolongeant les épisodes judiciaires l’opposant à la CHJP, de sortir de cet esprit, voire d’usurper des rôles. Différents communiqués de la CHJP ou déclarations publiques de l’agence gérant la communication de cette dernière, ont accusé le CNEA de « s’auto-proclamer défenseur de ce lieu de mémoire » ou encore de s’approprier la mémoire de Pablo Picasso! Ces allégations sont ridicules! Dès son installation en 2002, l’association a refusé de donner l’appellation « atelier Picasso » au dernier étage de l’immeuble, préférant reprendre la dénomination de Jean-Louis Barrault, qui – on a tendance à l’oublier – installa au Grenier sa première compagnie* (Le Grenier des Grands-Augustins), de façon à ne pas réduire l’importance historique du lieu à la seule image du peintre espagnol, quelle qu’immense que soit celle-ci. Le CNEA n’a cessé de rappeler que bien avant Pablo Picasso, ce lieu de mémoire servit de cadre à Balzac pour sa nouvelle Le Chef-d’Oeuvre Inconnu, que le groupe Octobre y fut constitué, et que de très nombreuses personnalités ont fréquenté le Grenier, à l’époque où le grand acteur français y résidait. Citons, entre autres, Claudel, Antonin Artaud, Georges Bataille, André Masson – qui y réalisa quelques toiles -, François Mauriac, Henri Mondor, Jacques Prévert, André Breton, Jean-Paul Sartre, Mouloudji, Joseph Kosma, sans compter les photographes, dont les œuvres témoignent de la richesse des activités menées au Grenier, notamment Dora Maar, qui fit connaître les lieux à Pablo Picasso. Enfin, n’oublions pas tous ceux qui ont rendu visite ou se sont produits au Grenier, depuis sa réouverture par le CNEA !  Le CNEA ne peut donc être accusé ni d’avoir réduit l’importance historique et artistique du lieu, bien au contraire, ni surtout de s’arroger la mémoire d’un grand artiste. Olivier Widmaier Picasso, petit-fils du peintre, relève d’ailleurs: « Picasso appartient un peu à sa famille, et beaucoup à tous les autres.« 

Force est de constater que le Grenier était resté, après l’expulsion du peintre, en totale déshérence. Comme le rappelle Jean-Pierre Mocky: « ça me fait doucement marrer de voir la polémique sur la réouverture de l’hôtel Salé, et tout ça pour des histoires de personnes . Une chose est certaine, le musée va rouvrir. Une autre chose est certaine : si les ateliers des Grands-Augustins ne sont pas classés, ils risquent, eux,  d’être définitivement fermés au public… Et puis j’aimerai aussi qu’on pense au CNEA, viré par les huissiers à l’automne dernier. Sans le CNEA…  le Grenier serait toujours aux oubliettes, et qui parlerait d’éducation artistique dans ce pays  ? » 

* Les festivités du centenaire de Jean-Louis Barrault ont débuté et se sont terminées au Grenier. Le CNEA avait, lors d’une conférence de presse au théâtre de l’Odéon, demandé aux pouvoirs publics de mentionner la présence du grand acteur sur la plaque apposée à l’entrée du 7, rue des Grands-Augustins, où il n’est fait référence qu’à Honoré de Balzac et à Pablo Picasso.

1) procédure judiciaire en cours:

Le CNEA a fait appel de l’ordonnance d’expulsion du 3 juillet 2013. En effet, parmi ses attendus, le juge des référés du TGI de Paris admet que: « […] la contestation émise par le CNEA est sérieuse et excède le pouvoir du juge des référés […] ». Le CNEA a en effet relevé qu’il existe à tout le moins un doute sérieux sur la qualité de propriétaire de la CHJP, et par conséquent, sur l’intérêt à agir de celle-ci. L’affaire a été plaidée le 10 septembre 2014, le délibéré rendu le 16 octobre. Le Conseil d’administration du CNEA se réunira le mardi 18 novembre 2014, en présence de ses conseillers juridiques, pour examiner, à la lumière des récents développements, et notamment du dépôt d’un permis de construire concernant le Grenier des Grands Augustins, au mépris, semble-t-il, de la dernière procédure de classement, ainsi que des réactions suscitées par cet acte, l’éventualité d’un pourvoi en cassation contre l’arrêt du 16 octobre 2014 de la cour d’Appel de Paris, confirmant son expulsion. Le CNEA rappelle que parmi les motifs de la décision figure celui-ci: »Déboute la CHJP de sa demande tendant à déclarer irrecevables les conclusions du CNEA. »

Par ailleurs, il semblerait que la location de l’immeuble à une société spécialisée dans la construction de résidences immobilières de luxe et le dépôt d’une demande de permis de construire par la société Helzéar n’aient pas été évoqués en assemblée générale. Une équipe de juristes bénévoles se penche à nouveau sur les aspects juridiques de ce dossier, et tout particulièrement sur certains éléments qui pourraient constituer des abus de pouvoir. Il n’est pas inutile de savoir que le 11 avril 1990, un quarteron de présidents de Chambre (*) avait carrément, à l’initiative de maître Pierre Calippe, père de l’actuel président de la CHJP, et lui-même président de cette dernière à l’époque, signé une promesse de vente à la société Kaufman & Broad rénovation, au mépris des conditions d’inaliénabilité de l’immeuble prévues dans l’acte d’achat. L’arrêt du Conseil d’Etat n°140572 du 12 décembre 1997 avait confirmé l’interdiction de vendre l’immeuble. 

2) classement du Grenier:

Les membres de la Commission régionale du Patrimoine et des Sites, réunie le 13 mai 2014, ont voté à l’unanimité en faveur du classement du Grenier des Grands-Augustins, mais aussi de l’étage inférieur – où Picasso a peint Guernica – de la cage d’escalier et de l’ensemble des façades et toitures. L’arrêté préfectoral, signé le 18 juillet, a été notifié à la Mairie de Paris le 28 juillet. (cf. rubrique « communiqués »)

3) communiqués de presse:

A cette occasion, le CNEA a publié un communiqué de presse le 15 mai. Diverses interprétations dudit communiqué ayant été constatées et afin d’éviter toute ambiguïté, les communiqués du CNEA pourront désormais être consultés dans une rubrique spécifique.

4) lettre ouverte au Premier ministre et à la maire de Paris:

Sollicité par Opinion internationale, le CNEA a lancé une pétition postée sur ce média en ligne. Or plusieurs signataires de cette pétition nous ont fait remarquer que leurs noms n’apparaissaient pas parmi nos soutiens. Interrogé à ce sujet, Opinion internationale a fait état de problèmes techniques. Par ailleurs, nous avions aussi demandé à Opinion internationale de nous communiquer les coordonnées des signataires afin de les remercier individuellement. En l’absence d’éléments nouveaux, le conseil d’administration du CNEA et les animateurs de notre comité de soutien tiennent à renouveler leur profonde reconnaissance à tous ceux qui ont bien voulu unir leurs efforts pour soutenir les initiatives de l’association. La lettre ouverte et la liste des signataires peuvent être consultées sur l’onglet qui leur est consacré.

Madame Anne Hidalgo, à qui nous avions adressé un courrier spécifique accompagnant la lettre ouverte, nous a fait part de son soutien le 6 mai dernier dans les termes suivants: « […] J’ai interpellé le Premier ministre afin qu’il porte une attention particulière à ce dossier. Vous trouverez ci-joint copie du courrier que je lui ai adressé, réaffirmant l’attachement de la Ville de Paris au Grenier des Grands-Augustins. Vous assurant de toute la vigilance de la Ville de Paris […]« . Qu’elle en soit vivement remerciée.

De son côté, le Premier ministre nous a demandé de prendre l’attache de son cabinet. Un rendez-vous a été organisé à Matignon le 16 juin, au cours duquel la situation du CNEA et celle du Grenier des Grands-Augustins ont été évoquées auprès de Mme Régine Hatchondo, conseillère pour la culture et les médias, et de M. Philippe Barbat, conseiller au ministère de la Culture et de la Communication, en charge du Patrimoine. Le CNEA était représenté par son délégué général ; le comité de soutien par Maître Marc Bellanger.

(*) Bien évidemment, le CNEA et le Comité de Défense ne font aucun amalgame entre quelques personnages bien distincts et l’ensemble de la profession.

23 juin 2014